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vendredi, décembre 15, 2006

Pôle réflexion - La génétique : un premier débat très positif !

Bonjour à tous,

Et merci à tous ceux qui étaient à la Sorbonne hier soir pour la première séance du pôle réflexion d'Areduc. Tout s'est passé à merveille et ce, grace à vous. Des éléments précis et factuels ont été apportés, des questions cruciales ont été soulevées et vos remarques nous auront permis à tous, je l'espère, de se faire une idée, plusieurs idées, NOS idées sur les thèmes abordés.

Un compte-rendu de la séance sera disponible dans la revue de février. D'ici là, une autre séance aura eu lieu, sur "le pouvoir aujourd'hui".

Encore une fois merci à tous de votre participation et à très bientôt.

Sylvain

PS : certains m'ont parlé de bons livres sur la question : laisser un commentaire sur ce blog pour que tout le monde en profite !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Voici donc comme promis mes références bibliographiques, et d'abord quelques commentaires sur la séance de jeudi. J'ai été très intéressé par tous les éléments présentés par Sylvain, mais je suis moins convaincu par les conclusions.
Pendant la séance, l'évolution, et au sein de l'évolution la sélection naturelle, a été érigée en modèle central. C'est à partir de là que Sylvain a pu proposer son modèle fractal, selon lequel on observe les mêmes phénomènes, les mêmes structures, à toutes les échelles.
Cela ne me paraît pas tenir pas en dehors d'un registre globalement biologique. Si l'on descend en dessous du niveau biologique (et encore, il faudrait sans doute déjà nuancer au niveau biologique, mais je n'ai pas la science pour le faire), au niveau physique, cela ne marche plus. Je pencherais plutôt pour une certaine analogie au sein du vivant, mais sans aller plus loin, ni vers la physique, ni vers le domaine humain (ou plutôt les multiples domaines humains). Ainsi, il me semble difficile d'étendre la théorie darwinienne, qui s'applique à l'évolution des espèces, à la genèse de l'univers, de notre système solaire et de notre planète, ni à l'exercice par les hommes de leurs nombreuses facultés esthétiques, intellectuelles, spirituelles, etc. Or, Sylvain a mis (peut-être pas volontairement) en perspective l'évolution avec les phénomènes physiques, d'une part, et avec le registre spécifiquement humain de l'autre. C'est, me semble-t-il, étendre indûment un modèle scientifique réservé à un domaine spécifique à l'ensemble de la réalité.
J'en viens ainsi à mes références bibliographiques : Bergson, L'évolution créatrice (PUF, Quadrige), et Teilhard de Chardin, Le phénomène humain (Seuil, Points), que l'on pourrait, pour aller vite, classer dans une approche spiritualiste
S'il ne fallait en lire qu'un, je conseillerais Teilhard de Chardin, pour sa vision de la genèse de l'univers, jusqu'à l'homme et au-delà, dans une perspective plus large qui inclut l'évolution, mais en l'inscrivant dans un modèle plus large et plus efficace, et qu'il étaye par des observations scientifiques précises. Il permet de répondre au modèle fractal par la prise en compte d'un processus de synthèses successives, à chaque fois qu'apparaît un objet nouveau, qui provoque un changement complet d'ordre de grandeur et d'échelle : on ne peut plus parler que d'analogie, et pas de pure et simple reproduction d'un même processus à tous les niveaux, même si le mouvement d'ensemble reste le même.
Si vous avez le temps, commencez néanmoins par L'évolution créatrice, surtout le premier chapitre : il permet de se mettre les idées au clair sur le sens philosophique de l'évolution, et sur des notions évoquées jeudi telles que mécanisme et finalisme, et les problèmes qu'elles posent. Bergson constitue de ce fait une bonne entrée en matière conceptuelle pour Teilhard de Chardin, qui s'appuie sur une vision bergsonienne mais la pousse plus loin.
Ces lectures devraient aussi vous permettre de vous faire une idée sur les notions de déterminisme et de liberté, également évoquées jeudi soir.

Merci encore en tout cas à Sylvain pour la qualité de la présentation et pour tout le travail fourni, et pour les débats de fond qu'il a pu ainsi susciter.

Anonyme a dit…

Merci Jérôme pour ton message. Tu soulèves un problème de taille. Pour résumer, je dirai que l'aspect "fractal" de mon exposé concernait uniquement "cellule-organe-individu-culture-société" où, me semnle-t-il, la sélection naturelle a sa place. Mais d'un point de vue extérieur, il est évident que le sujet mérite débat. Comme tu l'as montré, les objections sont nombreuses.

Et c'est là que cela devient tendu: la séance qurait du porter sur des questions de ce type. Mais alors: comment faire participer tout le monde? peut-on laisser de côté l'aspect "connaissance scientifique" pour passer à la philo en deux minutes ? Je pense que cela mérite une séance à part entière.

Concernant le fond du problème, je te propose d'y réfléchir, je te contacterai, de manière à inclure notre "débat-écrit" dans la prochaine revue.

Les autres sont invités à nous rejoindre bien évidemment.

Pour résumer : peut-on considérer que l'homme se comporte comme les autres systèmes vivant et suit une évolution déterminée par la sélection naturelle ou autre loi a priori définie? Ou bien, sa force créatrice et sa capacité de choix le placent-elles en marge de ces lois? Auquel cas, quel sens donner au terme évolution d'un point de vue anthropique?

Merci encore pour ton message Jérôme, et content que la séance t'ait plu.

A bientôt

Anonyme a dit…

Pour éviter de surcharger mon message en citations, je réponds uniquement à ton dernier paragraphe, qui résume bien les enjeux.
Ce qui me paraît intéressant, particulièrement chez Teilhard de Chardin (chez Bergson, cela n'apparaît pas aussi clairement), c'est de pouvoir considérer tout l'univers (ou le cosmos, ou la Création) à travers un processus profond qui émerge et se réfléchit (=prend conscience de lui-même) de façon décisive, radicalement nouvelle en l'homme : l'émergence croissante de la liberté, sous l'effet d'un affranchissement progressif du spirituel à l'égard de la matière. De ce fait, pour faire une réponse de normand, la question de l'appartenance de l'homme au vivant et à la sélection naturelle se pose, certes, mais en même temps est en un sens dépassée par la question de ce qui fait spécifiquement l'homme au sein de l'univers. Le mouvement biologique de l'évolution est relayé par un mouvement -- pour aller vite -- spirituel, qui pourrait rendre caduque la question de l'évolution physique, ou génétique, de l'homme (en résumant vite fait : l'homme peut bien rester désormais tel qu'il est, puisque le mouvement d'évolution est désormais non plus physique, biologique, mais assumé par le spirituel).

Cela n'en rend pas moins crucial le débat que tu poses : même si l'on reconnaît avec Teilhard de Chardin que considérer l'homme sous l'angle de l'évolution des espèces (avec en particulier le système fractal que tu proposes) est insuffisant, comment se situer face à des enjeux génétiques nouveaux et bien réels, où l'on commence à pouvoir, pour reprendre une formule lue quelque part, produire la vie, et en tout cas transformer le vivant ? Et si l'homme se dit radicalement différent des espèces animales, comment dans les faits se comporte-t-il (ex : protection accrue du plus faible d'un côté, tentation de l'eugénisme ou avortement de l'autre) ?
En bref, si l'homme a une vocation spirituelle, comme l'affirme Teilhard, en tant que scientifique comme en tant que chrétien, comment se placer vis-à-vis de la réalité concrète de son existence et vis-à-vis du règne animal dont il émerge ? Est-il libre de tout faire, affranchi de toute limite ?

OK pour écrire quelque chose pour la revue : contacte-moi pour que nous puissions poser le débat dans un espace un peu plus étendu que celui de ces commentaires, pratiques mais un peu justes pour de longs discours...

Anonyme a dit…

Quelques réflexions pour prolonger la discussion d’hier sur le pouvoir :

- Le pouvoir est partout, et toute prise de parole, comme celle de Florent hier, est prise de pouvoir. Cependant, le premier effet d’une prise de pouvoir est de rendre mal à l’aise celui qui l’assume. Quand on parle en public, certes, on est la vedette, mais avant tout, c’est de l’angoisse qu’on ressent. Avoir du pouvoir, c’est d’abord porter un poids, donc c’est d’abord désagréable, parce qu’il n’y a pas de pouvoir sans responsabilité. En effet, quelqu’un qui exerce du pouvoir fait apparaître le fruit de son pouvoir : il fait quelque chose, il produit un résultat. C’est ce qu’a fait comprendre Florent en indiquant que « pouvoir » est un verbe qui en « appelle un autre ». A partir de là, le puissant donne prise aux critiques, aux jugements, il se met en danger. Il a une visibilité, on a une opinion sur lui.

Or pourquoi aujourd’hui recherche-t-on tant le pouvoir, en particulier politique et économique ? Que cherche-t-on dans le pouvoir ? Justement l’irresponsabilité. Le fait de pouvoir atteindre n’importe quel but sans se heurter aux impossibilités ni aux difficultés. Il me semble que cela vient de ce que ceux qui ont le pouvoir ne font, en l’exerçant, que des choses qui ne les concernent pas eux-mêmes. Un homme politique peut bien se tromper, prendre des décisions désastreuses économiquement ou socialement : les conséquences ne seront pas pour lui. Par-delà le constat de son échec, de son erreur, il demeurera le bénéficiaire d’un salaire, ou du moins d’une retraite plus que substantiels. Il sera toujours en contact avec les mêmes personnes, il évoluera dans la même sphère protégée.

Je serais donc portée à considérer que pour qu’un pouvoir s’exerce correctement, soit un vrai pouvoir et non un privilège, il faudrait que cette dimension - souvent pénible - de la responsabilité demeure. Si le puissant considère les conséquences du pouvoir qu’il exerce, il est à la fois celui qui a le pouvoir, et celui qui le subit. Un homme politique reste un citoyen et devrait avoir l’idée qu’il va devoir vivre lui-même sous les lois qu’il émet. Ce serait la garantie que le pouvoir est utilisé pour agir au mieux.
Il y a deux façons d’utiliser le pouvoir pour soi : développer son pouvoir individuel en levant les obstacles à tous ses désirs au détriment des autres, ou se considérer comme le bénéficiaire de ce que l’on aura « pu » apporter à tous.

Un état qui voudrait remédier à la déréliction des instances de pouvoir que nous pouvons constater et que Florent a décrite, pourrait donc commencer par s’assurer que les puissants se soumettent eux-mêmes à ce qu’ils édictent. Florent a décrit hier le pouvoir comme une sorte de pacte, il est accepté par celui qui en dispose et par celui qui le subit. Le danger est de faire du consentement de celui qui le subit une aliénation. Mais si celui qui dispose le pouvoir le subit en même temps, on se garde de cette dérive.


- Mais, me direz-vous, pourquoi ne pas entrer dans le jeu de ce pouvoir sans responsabilité, afin de goûter la satisfaction de la supériorité du pouvoir, sans en assumer le risque ? Simplement parce que je crois que ce n’est de l’intérêt de personne. Il me semble que c’est une erreur d’opposer l’intérêt et la morale, à savoir, en l’occurrence, l’idée que c’est le bien de tous qui est à rechercher. La morale n’est pas une ascèse que l’on s’impose drastiquement pour être heureux dans l’au-delà : elle a pour but d’éclairer la vie ici et maintenant. Il est fort douteux que les hommes veuillent vivre en rapaces isolés plutôt que de se nourrir des relations avec les autres, et plus douteux encore que la satisfaction d’un pouvoir solitaire suffise à fonder une vie.

Anonyme a dit…

P.S. : l'anonyme, c'est Diane.

Anonyme a dit…

pourquoi pas:)