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samedi, janvier 13, 2007

Deuxième séance du pole reflexion : le pouvoir

Quelques réflexions pour prolonger la discussion d’hier sur le pouvoir :

- Le pouvoir est partout, et toute prise de parole, comme celle de Florent hier, est prise de pouvoir. Cependant, le premier effet d’une prise de pouvoir est de rendre mal à l’aise celui qui l’assume. Quand on parle en public, certes, on est la vedette, mais avant tout, c’est de l’angoisse qu’on ressent. Avoir du pouvoir, c’est d’abord porter un poids, donc c’est d’abord désagréable, parce qu’il n’y a pas de pouvoir sans responsabilité. En effet, quelqu’un qui exerce du pouvoir fait apparaître le fruit de son pouvoir : il fait quelque chose, il produit un résultat. C’est ce qu’a fait comprendre Florent en indiquant que « pouvoir » est un verbe qui en « appelle un autre ». A partir de là, le puissant donne prise aux critiques, aux jugements, il se met en danger. Il a une visibilité, on a une opinion sur lui.

Or pourquoi aujourd’hui recherche-t-on tant le pouvoir, en particulier politique et économique ? Que cherche-t-on dans le pouvoir ? Justement l’irresponsabilité. Le fait de pouvoir atteindre n’importe quel but sans se heurter aux impossibilités ni aux difficultés. Il me semble que cela vient de ce que ceux qui ont le pouvoir ne font, en l’exerçant, que des choses qui ne les concernent pas eux-mêmes. Un homme politique peut bien se tromper, prendre des décisions désastreuses économiquement ou socialement : les conséquences ne seront pas pour lui. Par-delà le constat de son échec, de son erreur, il demeurera le bénéficiaire d’un salaire, ou du moins d’une retraite plus que substantiels. Il sera toujours en contact avec les mêmes personnes, il évoluera dans la même sphère protégée.

Je serais donc portée à considérer que pour qu’un pouvoir s’exerce correctement, soit un vrai pouvoir et non un privilège, il faudrait que cette dimension - souvent pénible - de la responsabilité demeure. Si le puissant considère les conséquences du pouvoir qu’il exerce, il est à la fois celui qui a le pouvoir, et celui qui le subit. Un homme politique reste un citoyen et devrait avoir l’idée qu’il va devoir vivre lui-même sous les lois qu’il émet. Ce serait la garantie que le pouvoir est utilisé pour agir au mieux. Il y a deux façons d’utiliser le pouvoir pour soi : développer son pouvoir individuel en levant les obstacles à tous ses désirs au détriment des autres, ou se considérer comme le bénéficiaire de ce que l’on aura « pu » apporter à tous.

Un état qui voudrait remédier à la déréliction des instances de pouvoir que nous pouvons constater et que Florent a décrite, pourrait donc commencer par s’assurer que les puissants se soumettent eux-mêmes à ce qu’ils édictent. Florent a décrit hier le pouvoir comme une sorte de pacte, il est accepté par celui qui en dispose et par celui qui le subit. Le danger est de faire du consentement de celui qui le subit une aliénation. Mais si celui qui dispose le pouvoir le subit en même temps, on se garde de cette dérive.

- Mais, me direz-vous, pourquoi ne pas entrer dans le jeu de ce pouvoir sans responsabilité, afin de goûter la satisfaction de la supériorité du pouvoir, sans en assumer le risque ? Simplement parce que je crois que ce n’est de l’intérêt de personne. Il me semble que c’est une erreur d’opposer l’intérêt et la morale, à savoir, en l’occurrence, l’idée que c’est le bien de tous qui est à rechercher. La morale n’est pas une ascèse que l’on s’impose drastiquement pour être heureux dans l’au-delà : elle a pour but d’éclairer la vie ici et maintenant. Il est fort douteux que les hommes veuillent vivre en rapaces isolés plutôt que de se nourrir des relations avec les autres, et plus douteux encore que la satisfaction d’un pouvoir solitaire suffise à fonder une vie.

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Selon moi, la distinction pouvoir / puissance est essentielle, car elle permet d’accéder au fond du problème. Le pouvoir, c’est « une puissance qui a besoin, pour s’accomplir, de s’exercer au détriment de la puissance d’un autre ». La puissance, c’est « la possibilité [pour un individu] de se déployer pleinement » (Florent).

Le fond du problème, c’est donc la question du rapport aux autres, à l’Autre. On pourrait la formuler de la manière suivante : « est-ce que, faisant ce que je fais, je sers aussi les autres, c'est-à-dire est-ce que je sers TOUT LE MONDE, est-ce que je suis à l’unisson des autres, est-ce que je sers un Bien public ? Ou est-ce que je ne sers que moi, ma famille, mes amis, mon clan - des intérêts égoïstes et privés ?

Peu importe la terminologie.

En gros : est-ce que les motivations, les visées et les modalités de mon action sont universalisables, et donc peuvent prétendre à une transparence totale, puisqu’elles n’ont rien à cacher ?

On a reconnu la façon dont Kant envisage l’acte moral (seule façon, soit dit en passant, de parler morale).

Rien d’abstrait là-dedans. Tout acte a des conséquences très pratiques. Des conséquences qui partent dans tous les sens, et ce, d’autant plus quand on est, par fonction, un homme public, un politique.

Autrement dit, un pouvoir peut être dit mauvais LORSQU'IL NE SERT QU'A SE SERVIR ; il peut être dit bon lorsqu’il sert la collectivité - ce qui est sa vocation même en terre démocratique.

Il n’est pas admissible qu’un homme politique puisse avoir le sentiment, comme c’est le cas aujourd’hui, qu’en choisissant la « carrière » qu’il choisit, il accumulera des honneurs, des relations, des avantages matériels exorbitants.

La politique, le pouvoir, ne devraient jamais être une carrière.

Ici, problème très concret des cumuls de mandat, des renouvellements de mandat, de la rémunération des élus, des redditions de compte en fin de mandat, etc… Avec les pratiques qui sont les nôtres aujourd’hui, c’est toute la politique qui est pervertie : un homme qui fait métier d’occuper de « bonnes places » (= « bons revenus ») contribue au fonctionnement d’un monde où ce comportement est monnaie courante ; est même la norme.

Aujourd’hui, le pouvoir n’est plus que cela : un sérail, une caste, qui recrute (à vie) des individus ayant, sous les déclarations démocratiques obligées, le seul souci de NE RIEN CHANGER à un ordre social qui leur rapporte bénéfices symboliques et privilèges matériels. Cela s’appelle « corruption ». Corruption ordinaire.


Ces remarques peuvent paraître triviales ; je les crois capitales. Les éléments visés forment le terreau qui produit tel ou tel type de société. La question est, par conséquent, d’abord d’ordre éthique : attitude générale de chacun par rapport au monde, par rapport au social. Vision des hommes ensemble. Soit la suspicion et la haine (guerre de tous contre tous), soit la fameuse « fraternité » qui figure au fronton de nos mairies.

C’est dans toutes les têtes que la "conversion" doit se faire. Les analyses de cette vaste corruption au quotidien - corruption reçue comme naturelle - doivent se multiplier au point de devenir dissuasives.

Anonyme a dit…

En réponse à Serge. Thème considéré : pouvoir et moralité.
Plusieurs personnes ont manifesté leur volonté de voir Autrui inclus dans le débat sur le pouvoir. De même pour la – très bonne – distinction pouvoir/puissance.

Ce message afin de bien percevoir un autre enjeu fondamental du pouvoir, celui de progrès.

Je voudrais que toutes les personnes qui suivent ce topique soient conscientes que la notion de progrès est clairement opposée à celle de moralité, selon moi. Dire que les rapports de pouvoir entre personnes évolueront favorablement, ie dans le sens de l’équilibre, c’est aussi promettre à l’humanité ce même équilibre et donc une certaine forme de stagnation, de moisissement, de putréfaction, tout dépend du vocabulaire choisi…

1. La prise en compte de la pensée d’autrui et de son accord n’a jamais permis d’avancer (Einstein, les Curie…)

2. Dans l’autre sens, les avancées se font souvent en environnement coercitif : progrès sous contrainte : Galilée, sous période de tension : guerre froide et espace, sous tyrannie : chine et croissance, génétique et cobayes

3. Enfin, la morale diminue le pourcentage de la réalité directement accessible : tv et CSA etc.

!!! je ne dis pas qu’il faille sauver ces régimes ni la notion de progrès – le stade atteint est surement « suffisant ». il s’agit juste d’être conscient du choix. Le pouvoir et sa prise dans le cas d’un objectif défini est synonyme de changement avant d’être synonyme de corruption. « la fin justifie les moyens » comme on dit…

Merci à vous tous!

Anonyme a dit…

un article trouvé qui m'a rappelé ce dont Florent nous avait parlé

"Management ou manipulation ?
Les techniques de management dans les entreprises ne sont elles tout
simplement que de basses techniques de manipulation ? Quand on regarde de
près l'étymologie des deux mots la racine commune est évidente...Et le
terme manipulation fait évidemment peur. On veut bien revendiquer le
qualificatif de bon manager, mais pas celui de manipulateur doué ! Et si
l'on accepte d'être managé, on refuse d'être manipulé ! Pourtant l'évolution
des modes de management dans l'entreprise va clairement dans la direction de
la manipulation. Jadis le pouvoir de la hiérarchie était tel, que les
décisions étaient imposées. Dans ce cas là les choses sont claires, on est
privé de liberté, on exécute.

Aujourd'hui tout l'art du management réside justement dans le développement
de l'illusion de liberté. L'objectif est d'amener des individus à faire ce
qu'on veut qu'ils fassent en toute liberté. Illusion, en effet, car
spontanément ces mêmes individus, sans leur "manager", auraient pris un
chemin très différent...

Sans forcément souhaiter le retour du tout directif, il est important au
moins de valider nos modes de management/manipulation (ceux qu'on impose et
ceux qu'on subit) en vérifiant qu'ils sont cohérents avec nos intérêts et
notre bien-être.
Pascal François"

Anonyme a dit…

En réponse à Sylvain.

Je crois que quand tu opposes progrès et moralité, tu te réfères à une vision réductrice de la morale. Tu considères que la morale serait le maintien de l’équilibre actuel, un certain immobilisme, alors que ce que personnellement j’appelle morale, ce serait tout le contraire : ce serait un mouvement considérable qui pousserait à reconsidérer toute chose et à amorcer des dynamiques nouvelles. Prendre autrui en considération, c’est difficile, c’est une lutte constante : si c’est un désir sincère, cela ne permet pas de s’endormir. C’est quand on cherche son intérêt propre qu’on retombe sur des logiques éculées depuis des siècles : les détournements de fonds, les luttes d’influence, les coups fourrés, c’est presque vieux comme le monde.

Il me semble par ailleurs que les exemples que tu cites ne sont pas des exemples d’ « immoralité » : être en contradiction avec l’ordre établi n’est pas incompatible avec la moralité, à moins qu’on ne retienne de la morale que le sens très réduit de conformité avec le pouvoir en place. Mais l’exigence morale peut - et doit - être une énergie qui s’émancipe des pressions du pouvoir pour faire considérer toute chose autrement.

Anonyme a dit…

En réponse à Sylvain.

Au fond, l’intervention de Sylvain pèche par confusion. Confusion des plans, confusion des domaines. La science n’est pas l’art ; l’art n’est pas la philosophie, etc… Et la politique, elle, est un domaine propre. Si tous ces plans sont articulés entre eux (et il y aurait là un énorme travail de compréhension à faire), il serait très préjudiciable pour la pensée de mélanger tout cela. La science comme l’art n’a pas à être et ne peut pas être démocratique dans son mouvement ; il y a des régimes de fonctionnement totalement différents. Une recherche scientifique ou esthétique, en effet, ne se mène pas en considération d’une collectivité, d’un consensus… Mais il devrait apparaître clairement que la situation est tout à fait différente pour le socio-politique. La meilleure preuve est dans le texte de Sylvain lui-même. Le point numéro 1 (et on ne le lit pas sans un certain effarement) comporte la définition exacte de la tyrannie. Cela seul suffit à montrer que la première exigence, dans une réflexion, est de bien définir ses concepts, les limites du domaine étudié, les régimes propres aux différents domaines, leur dynamique singulière, etc… Ne pas transporter les acquis de l’un dans l’autre. Que penser d’un chef d’état (démocratique) qui se dispenserait de toute « prise en compte de la pensée d’autrui et de son accord » ? Il est frappant que les exemples qui suivent dans le texte de Sylvain sont d’ordre scientifique…

Anonyme a dit…

j'attends alors de vous deux des contre exemples!!! Essayons d'être le plus clair possible pour que le débat profite à tout le monde.

thème: pouvoir et moralité, suite...

je soutiens que les avancées DANS TOUS LES DOMAINES (je fourni effectivement des exemples scientifiques, faute de temps...), les progrès se sont faits soit de manière solitaire, soit "grâce" à une certaine forme de contrainte, oppression etc... et qu'en aucun cas il ne s'agit d'évolution linéaire faite dans le respect et la compréhension d'autrui.

Alors ne jouons pas:
- ni sur les différents sens que l'on peut préter à la morale. nous parlons du sens commun, qui consiste à prendre en compte la pensée d'autrui dans son action.
- ni sur mes exemples. on peut toujours demonter un exemple.

et soyons clair: il ne s'agit pas d'un espace de dissertation mais d'un forum.

Je pose EXPRES mes arguments de manière manicheenne : et vos réponse fournissent une preuve de ce que j'avance. En posant des arguments de façon "tyranique" (prise de pouvoir) on fait "avancer" le débat. Alors qu'en modérant un propos (ce que vous avez fait), on le fait reculer : comment en effet ajouter qqchose après "reconsidérer toute chose et à amorcer des dynamiques nouvelles" ou après "la première exigence, dans une réflexion, est de bien définir ses concepts, les limites du domaine étudié, les régimes propres aux différents domaines, leur dynamique singulière" ???

Encore une fois, il ne s'agit pas d'avoir raison ou tort mais de poser de bonnes bases pour faire avancer ce débat et les futurs.

Alors:
- la morale permet de faire avancer les choses : est-ce une réalité ou une espérance?
- avons-nous des exemples?

Gros bisous !

Anonyme a dit…

Je vais faire quand même une dissertation (j'ai la faiblesse de croire que ça peut faire vraiment avancer le débat) : parler de pouvoir quand on est dans un débat consiste précisément à supprimer le débat. Excuse la pédanterie, mais chez Platon, celui qui essaie de jouer une relation de pouvoir dans un dialogue finit toujours par être éjecté du débat, parfois extrêmement rapidement, parce qu'il cherche à imposer quelque chose, au lieu de chercher à comprendre, c'est-à-dire accepter le débat et y participer.
Loin de faire avancer le débat, celui qui cherche à imposer un point de vue tyrannique s'en exclut lui-même (je reconnais du moins une certaine avancée : Socrate répond, démonte, et enchaîne sur autre chose, ce qui est intéressant ; sauf que l'interlocuteur tyrannique a disparu : sacrifice pour le progrès du débat, ou échec de son attitude ?)

Donc oui, pour prendre un premier exemple, la "morale", dans le sens commun que tu lui donnes (quoi qu'on en pense), permet seule de faire avancer un minimum le débat, quand on sort d'une relation de pouvoir pour chercher à entrer dans un processus de collaboration à la recherche d'une vérité.

C'est comme ça qu'avance aussi la science : le modèle du savant fou qui invente tout, tout seul, sans aucun contact avec quiconque (et qui n'invente bien sûr que des choses néfastes, immorales), est exceptionnel, si même il existe (ce qui n'exclut pas le génie de celui qui réalise une percée significative, par ses propres facultés, sur la base posée par ses confrères).
Quand un Einstein établit la théorie de la relativité, est-ce moral, immoral ? Où entre la morale, ou l'immoral, dans l'établissement de nouvelles équations ?
Et même, j'y vois, chez lui comme chez d'autres, quelque chose qui touche à la "morale" : l'engagement total de soi vers le déchiffrement de quelque chose de nouveau, de plus grand que soi, c'est une dimension de la morale, du plein exercice, loyal, de ses facultés propres. Là où serait l'immoral, ce serait si un Einstein, avec les capacités intellectuelles qui étaient les siennes, avait décidé de ne s'en servir que pour son propre bénéfice, pour gagner de l'argent par exemple, ou se faire une situation de pouvoir dans telle ou telle institution à seule fin d'imposer son intelligence à d'autres.
De manière générale, dans le domaine scientifique et intellectuel, quelqu'un qui mène ses recherches à leur terme agit dans une perspective fondamentalement morale : le don de soi, de ses facultés, à la recherche d'une réalité nouvelle, qu'il compte le faire directement au bénéfice d'autres, ou non. La recherche d'une théorie scientifique meilleure a pour aboutissement de faire avancer toute la communauté scientifique concernée. Et c'est pareil dans tous les domaines.

Prenons des contre-exemples : le monde scientifique a connu ces dernières années, aux USA et en Corée, deux chutes spectaculaires de scientifiques en vue, quasi-nobélisables, qui ont trafiqué des résultats apparemment prometteurs sur les supra-conducteurs ou la génétique. L'immoralité de leur pratique a anéanti leur travail, qui n'était finalement qu'une tentative individuelle pour s'élever à un rang ou un statut usurpé. Une telle entreprise met à mal la science en suscitant ensuite une défiance généralisée : les Coréens ne sont pas près de remettre des dizaines de millions de dollars dans un projet sur la génétique.

Enfin, sur un plan fondamental, je me permets de contester ta définition du progrès, qui semble très technique et matérielle. Si tu limites le progrès à cela, alors en effet la morale devient quelque chose d'extérieur et donc de facultatif, sur la présence de laquelle on peut effectivement s'interroger
Si tu centres en revanche le progrès sur la personne humaine (en acceptant du moins de considérer que ce que nous avons de plus précieux en nous, c'est notre identité personnelle, notre nature humaine présente universellement en chacun de nous, et non notre capacité technique à maîtriser les choses), alors la technique devient l'une des composantes à prendre en considération, dans une tension plus générale entre progrès technique et progrès moral.
Que le progrès technique puisse se faire au détriment de la morale, oui, ça arrive aussi, parfois massivement (progrès industriel et question ouvrière au XIXe siècle, par exemple).
L'essentiel me paraît être cette tension dont je viens de parler : la morale est une tension, une exigence pour l'homme de trouver toujours plus en lui-même. A ton opinion selon laquelle morale et progrès sont contradictoires, la morale conduisant à l'immobilité voire à la putréfaction, je me permettrai d'opposer ma propre "opinion" (même si cela va un peu plus loin qu'une simple opinion) : le progrès technique (ou scientifique, etc.) n'a pas de valeur en soi, et le véritable progrès, de l'humanité globalement, et de chacun des hommes en particulier, est ce qu'on peut appeler moral, c'est-à-dire la conscience toujours plus approfondie par les hommes de leur propre identité et la mise en oeuvre d'une action cohérente avec cette conscience.

Bref, je me dégage des termes du débat tels que tu les as posés : la "morale" (à défaut d'un terme plus approprié) n'est pas un moyen, elle est une fin en soi, il n'y a pas à la justifier ou à l'évaluer selon la quantité des progrès techniques qu'elle serait censée avoir suscités ou non.
Attention à l'idéologie du progrès et de l'évolution : il y a des apports incontestables, mais c'est à manier avec discernement -- même pour "faire avancer le débat avec des arguments manichéens".

Mais je crains qu'avec tout cela la question du pouvoir ne soit passée à la trappe... Ce sera peut-être pour un prochain message.

Anonyme a dit…

Salut Jérôme, et merci beaucoup pour cette intervention.

Je me plierai aux règles démocratiques et accepte – bien malgré moi – que l’on converse par dissertations interposées. Et voyant qu’une coalition s’est formée pour défendre la morale, je me dois de répondre de manière très argumentée, cette fois. Ma « tyrannie » et mon « manichéisme » initiaux n’avaient pour but que de susciter des réactions passionnées et d’éclaircir le débat, c’est réussi, j’en suis ravi. Je ne vais pas reprendre tes exemples qui sont tout à fait valables mais j’aimerais qu’on les garde à l’esprit quand j’énumererai les miens pour établir une sorte de pourcentage…

Je crois qu’il y a deux choses à ne pas confondre : la réalité statistique et notre espoir commun. Que tu souhaites que la morale soit « une fin en soi » n’est pas contestable et il même si je m’y oppose, nous entrons dans le domaine de la foi et je ne peux donc pas ajouter grand chose. Par contre, cela ne peut faire oublier (et nous rejoignons notre débat sur la génétique et la « nature » humaine) que les avancées sont avant tout « immorales », selon moi, et que l’Homme avec son QI et sa capacité de choix ne saurait – toujours selon moi – se soustraire à un déterminisme millénaire l’englobant. J’essaierai d’être le plus factuel possible.

Je répète, même si c’est effectivement assez restrictif, que la morale, dans ce topique, consiste en la considération de la pensée d’autrui comme préalable à toute action.

Essayons de couvrir tous les domaines étant en relations de manière directe avec le « progrès » tel que TU le définis, c’est-à-dire celui « de la personne humaine ». J’espère que vous serez d’accord sur le fait qu’on peut nommer « progrès de la personne » une meilleure compréhension du monde et des autres doublée d’une « intensité vitale ». Si notre compréhension doit conduire au suicide, on ne pourra effectivement pas parler de progrès… Encore une fois, passé mon manichéisme initial, cela me gène de restreindre le champ d’investigation mais cela permet une meilleure compréhension des enjeux.

Alors, bon, commençons…

1. science, pour te répondre : Einstein a été incompris pendant près de 10 ans (il a reçu le Nobel, mais pas pour la relativité). Selon moi, s’il avait du prendre en compte l’avis de ses collègues pour avancer, je suis convaincu qu’on en serait encore à se demander si le vide est fait « d’éther »… Galilée a écrit ses « discorsi » contre la « morale » de l’époque (prise en compte nécessaire du contexte). Plus récent, la privatisation du séquencement des génomes par les gros labo américains a permis (grâce aux millions rapportés par l’industrie pharmaceutique) des avancées incroyables en génétique. On peut aussi parler des expériences sur les animaux malgré les associations protectrices pour concevoir des vaccins ou de la pillule du lendemain (et par extension de l’IVG) qui reste « immoral » d’un point de vue religieux cette fois. Toutes ces avancées ont cependant contribué selon moi à un « progrès » au sens où nous l’entendons. On pourrait aussi évoquer ce gars qui a du ingérer ce qu’il pensait être des cellules de l’ulcère pour prouver que sa cause était bien bactériologique et non psychologique. Et même la conquête de l’espace grâce au fonds de deux pays en guerre froide. Il me vient aussi l’exemple de Newton qui avait dû museler leipzig pour que ses idées prévalent… on s’en sert encore aujourd’hui.

2. politique : Hugo Chavez vient de dire qu’il s’occtroyait le droit de faire passer des lois par décrets pour « accélerer la révolution »… pour moi, tout est dit… c’est se qui s’est passé en France sous Napoleon, en Angleterre avec Thatcher pour prendre des périodes et des personnes bien distinctes. Elles avaient cependant toutes en commun une prise de pouvoir abusive et un ego surdimensionné. La peine de mort a aussi été abolie en France sans referedum, sinon elle ne serait jamais passée. 50-50 là aussi

3. Social. Prenons un cas simple : celui de la France. 95% de la presse appartient à des vendeurs d’armes. Des milliards d’investissements sont faits chaque année en Chine à condition que nous passions sous silence leur manque de respect des droits de l’Homme, on mange de la perche du Nil faisant crever de faim des milliers de soudannais, sans parler du dernier accord avec l’Iran… et la liste est longue… tout ceci contribue à maintenir un endettement à 3%, donc à diminuer notre millier de milliard d’endettement et enfin à maintenir le pouvoir d’achat des français. Alors faisons un referendum : nous arretons avec toutes ces actions immorales et votre pouvoir d’achat baisse de 20%. Oui, ou non ? je vous laisse le soin d’imaginer ce que pourrait être le résultat…

4. Individuel. Ce sont, et plusieurs expériences le prouvent, nos hormones qui conditionnent nos actions a priori, tel un reflex myotatique. Par la volonté, nous pouvons en atténuer l’intensité voire créer des actions entierement intellectuelles. Mais notre pensée n’est que la conséquence d’une mémorisation des sensations antérieures. On en revient donc aux sens et aux hormones. Voir Laborit pour les détails de tout cela. Il le dit : « la seule raison d’être d’un être c’est d’être ». Il parle en neuro physicien, non en philosophe. Or si nos actions sont sous-tendues par nos hormones (=survie, =selection naturelle) alors c’est la prise de pouvoir et l’immoralité qui viendront vite à prévaloir. Il suffit d’un contexte un peu tendu pour s’en rendre compte. Le sexe/ l’amour d’une part, la carrière de l’autre en sont les illustartions quotidiennes. Je ne pense pas me tromper en disant que chacun d’entre nous s’est un jour retrouvé honteux de son attitude dans telle ou telle situation, mais qu’il lui était impossible de faire autrement. (voire le Couperet de Costa Gavras, ou Match Point de W. Allen… et tant d’autres) La question est alors la suivante : ces moments « intenses » où on en viendrait à étriper notre prochain sont-ils bénéfiques ou pas, doit-on changer pour les exclure de notre quotidien au nom de la morale ou non ? Je réponds, vous vous en doutez, très clairement par la négative : ces moments représentent selon moi la vie même, à son paroxysme. Le reste, la morale intellectuelle et réfléchie, n’est selon moi finalement qu’un passe temps ayant valeur de foi, une nature morte en quelque sorte.

Merci de m’avoir lu, à très bientôt

Anonyme a dit…

Chouette, une autre dissertation !
J'en ajoute une nouvelle.

Sur ton "introduction" : je ne suis pas sûr que mon opinion ne soit qu'une question de foi. Il me semble que placer la morale comme une fin en soi et non un moyen, faire de chaque personne une fin en soi et non un moyen, c'est aussi du petit Kant, et la base de tout ce qui s'est fait en termes de droits de l'homme. La foi pousse les choses encore plus loin, mais j'y reviendrai à la fin.


1 La science.
- toujours pas d'accord à propos d'Einstein : en quoi demander l'avis de ses collègues aurait été plus moral que de se consacrer de son côté, de façon solitaire, à la recherche de la vérité ? L'avis de ses collègues, il l'a sollicité, de fait, en publiant ses articles successifs sur la relativité, en publiant ses travaux sur l'effet photo-électrique. Qu'il soit incompris ne change rien. Il a dû penser différemment, comme dit la pub, mais est-ce immoral pour autant ?
- en revanche, comme tu le montres, dans le cas du séquençage du génome par de grosses boîtes américaines, il y a là un problème. On pourrait biaiser le débat avec un peu de mauvaise foi en se demandant le progrès qu'elles amènent réellement : sur le fond, elles ne font que développer une entreprise qu'elles n'ont pas initiée, en cherchant à s'en mettre plein les poches, le progrès réel c'est d'avoir lancé le moyen de déchiffrer l'ADN. L'argument est spécieux, mais il me semble qu'il permet de complexifier un peu le problème. Ton exemple en tout cas révèle bien le problème du progrès quand il est aussi foncièrement lié au développements de techniques suscitant des bénéfices aussi importants
- il en va un peu de même pour Newton : s'il cherche à faire taire son concurrent, c'est pour retirer tout le bénéfice possible de ses recherches. Est-ce cependant mû par un réflexe d'immoralité qu'il a conduit ses recherches ? Cela reste à montrer. Ce qui est sûr, c'est qu'il a ensuite cherché à capitaliser sur elle.
Bref, pour ce premier point : oui, il y a des gens qui font des choses pas bien et cependant font avancer les choses. Mais il y a des contre-exemples, et notamment celui-ci, quasi-caricatural mais dans le fond pleinement justifié : les nazis ont pu pendant plusieurs années mener absolument toutes les expérimentations qu'ils ont voulues sur des êtres humains sans aucune barrière morale que ce soit. Le résultat scientifique ? Absolument aucun. Je ne suis donc pas sûr que l'immoralité soit, en soi, à l'état pur, le moteur du progrès;

2. politique
Je ne suis pas d'accord du tout avec ton analyse. Chavez privatise : et alors ? Est-ce immoral ? Un anti-capitaliste de base te dira que les entreprises de pétrole et autres exploitent abusivement les ressources du pays, et que la nationalisation permet la levée d'argent pour l'intérêt général de la nation. Dans l'autre sens, Chavez pose la révolution comme un bien : si l'on considère, cette fois en libéral, qu'elle est un mal, alors il ne fait qu'aller vers le mal et la régression en commettant des actions immorales.
Pour Thatcher, c'est du même ordre. Est-ce à Areduc, ou ailleurs, que j'en ai récemment entendu parler ? On disait qu'à l'époque ç'avait été terrible, pour les mineurs notamment, mais qu'aujourd'hui, grâce à elle, l'Angleterre se porte infiniment mieux que la France. En prenant une métaphore médicale, à la Platon, on pourrait dire qu'elle a appliqué un remède douloureux qui permet aujourd'hui la santé du corps tout entier. La fin était donc morale, puisqu'il s'agissait de faire progresser le pays entier, et le moyen subordonné à cette fin le devient aussi. La politique consiste à faire des choix, à trancher, sans solution parfaite, pour le bien commun et non la conservation d'une partie du corps social, donc on peut tout à fait conclure à la morale de Thatcher dans sa recherche du progrès.

3. Une réponse facile serait de renvoyer au point 2 : on fait des choix pour faire fonctionner le pays de façon correcte -- mais ça ne tient pas, puisque cette fois le progrès intérieur implique une immoralité à l'extérieur.
Une réponse un peu plus sérieuse consiste à dire : la hausse du pouvoir d'achat est-elle une fin en soi, un progrès ? Après tout, une vie exemplaire ne serait-elle pas une vie de simplicité et de modération ? Vouloir maintenir un pouvoir d'achat élevé n'est-il pas qu'une illusion, qui ne peut être soutenue que par des moyens excessifs ?
Une réponse intermédiaire, plus pragmatique, consiste à dire : les politiques jouent la facilité en prenant les moyens les plus efficaces mais aussi les plus faciles, potentiellement immoraux vis-à-vis de valeurs générales ou de la vie d'autres pays, pour atteindre le but qu'ils jugent juste, la hausse du pouvoir d'achat. En quoi n'est-il pas possible de continuer à soutenir une hausse de ce pouvoir d'achat, ou même seulement à le maintenir, en réalisant plus d'efforts, en cherchant d'autres solutions ? L'immoralité consiste souvent à chercher la voie la plus rapide et la plus simple au lieu de faire des efforts.
(C'est ce qui se passe pour les cellules-souches : faut-il détruire des embryons pour créer plus ou moins immédiatement des lignes de cellules-souches, ou prendre un temps un peu plus long pour réfléchir aux progrès permis par les études sur le cordon ombilical ou le liquide amnyotique, où l'on pourrait aussi retrouver des cellules-souches tout aussi efficace, ou encore étudier de plus près certaines cellules-souches adultes dans la moëlle ? En même temps que c'est plus moral de suivre ces dernières pistes, c'est peut-être aussi un progrès plus fondamental : on fait avancer la science plus loin et de façon plus durable, qu'en se rabattant sur des stocks d'embryons surnuméraires qui ne sont pas appelés à se renouveler).


4. Je suis très circonspect quant à l'exposé de ce point, et très dubitatif sur la réduction de toutes les activités de l'homme à des fonctions strictement biologiques. J'y vois à peu près le même type de phénomène que pour la psychanalyse : on s'aperçoit que l'esprit humain n'est pas une entité libérée de toute contingence matérielle, libre de ses mouvements, de ses choix, mais que l'histoire de la personne continue à peser, même de façon inconsciente, sur le comportement de chacun.
Bon, et ensuite ? Certes, on guérit ainsi des pathologies. Certes, il y a des cas cliniques tout à fait fascinants, où le pouvoir de la psychanalyse s'est révélé considérable. Et pourtant, aucun psychanalyste ne se permet de dire que l'exploration de l'inconscient conduit à pouvoir déterminer (au sens le plus fort) les actions à venir de la personne, en quelque circonstance que ce soit.
Il en va à mon sens de même pour les hormones et tous les autres phénomènes que tu cites. Prendre conscience de leur poids ne fait qu'éclairer d'un jour nouveau certains cas où leur action est fondamentale (et que l'on expliquait donc mal jusque là), et ne fait dans la grande majorité des cas qu'ajouter un peu plus de complexité à l'éclairage de tout ce qui conditionne notre action.
Après, ça fait déjà un paquet de millénaires que les hommes développent des formes de spiritualité ou d'ascèse visant à contrôler tout ce qui s'exprime sous la forme de ce qu'on a appellé les passions, et il y a un paquet de gens dans l'Histoire qui ont appris à se connaître suffisamment pour dépasser ces passions. Connaître ces déterminations que sont l'inconscient ou les phénomènes biologiques, hormonaux ou autres, permet de faire des progrès considérables dans cette direction, mais ne change pas fondamentalement la perspective d'ensemble. Je ne crois pas à une causalité absolue des hormones ou de quoi que ce soit d'autre.

Ces moments de paroxysme que tu décris me semblent plutôt correspondre à des moments où la personne est confrontée à une tension extrême entre deux choix, où il y a une divergence entre deux registres contradictoires, et non pas le surgissement d'une unique pulsion. Si le mouvement normal de la vie était d'étriper mon voisin, je ne crois pas que cela ferait surgir une telle intensité d'émotions en moi : au contraire, ce serait tellement normal que cela n'aurait aucune espèce d'intérêt, pas plus que cela n'en a pour un animal que de faire son déjeuner d'un autre animal.
Que tu prennes conscience de façon intense dans ces moments-là que tu es vivant et traversé par tout un tas de forces, je le conçois. Que cela signifie que le summum de la vie est de libérer ces tensions en passant à l'acte, je ne le crois pas : il s'agit de deux choses différentes. Le paroxysme tient précisément à la tension, pas à l'exercice de la pulsion.

Et puisque j'avais dit que je parlerais de la foi, nous y voici : dans une perspective chrétienne, le paroxysme de la vie, c'est l'amour total, c'est-à-dire le don total de soi. C'est paradoxal, totalement contradictoire avec ce que tu poses, et avec le sens commun en général, mais nous le fondons sur notre foi en l'Incarnation de Dieu, qui se donne aux hommes, et la mort et la résurrection de Jésus, qui s'est offert pour le rachat de l'humanité tout entière et que son Père a ressuscité, signe que la vie passe à travers la mort elle-même, qu'elle est infinie, quand elle est donnée par amour.
D'un point de vue vitaliste ou évolutionniste, cela signifie que le point culminant de l'évolution transcende radicalement le registre biologique, et toutes les autres limitations que nous connaissons à la vie. Au contraire de la vie animale, la vie humaine (c'est-à-dire la vie qui couronne l'évolution de l'univers tout entier, ou de la Création en un vocabulaire chrétien) est une vie qui se donne. Cela est contraire à toute perspective évolutionniste raisonnable, et le spectacle de tous ceux qui ont néanmoins accepté de donner leur vie pour d'autres ou directement pour Dieu, depuis un engagement quotidien au service de leurs frères jusqu'au martyre, est un témoignage frappant qui fait à tout le moins réfléchir sérieusement au sens qu'il faut donner à la vie et à son aboutissement.

Pour en revenir donc à notre débat suite à la précédente conférence, c'est ce qu'expose Teilhard de Chardin, en évolutionniste cohérent : l'apparition de l'homme est la dernière étape, et la plus grande, de l'évolution. Elle le retourne complètement de l'intérieur, en donnant enfin, après toutes ces étapes et ces gradations, la primauté au spirituel sur le matériel. Cela ne signifie pas pour autant l'affranchissement total du spirituel à l'égard du matériel, mais son autonomie relative, et cela signifie surtout que le phénomène qui prend le relais de l'évolution, tout comme, pour résumer, le biologique a pris le relais du physique, ce qui en assume l'essence la plus profonde, ce n'est plus la progression biologique ou matérielle au sens large de l'homme (même si cela peut y contribuer, Teilhard ne le cache pas), mais son progrès spirituel.

En rester à la vision que tu défends, d'un point de vue teilhardien, c'est chercher à maintenir l'homme sur l'avant-dernière marche de l'évolution, celle qui précède son apparition. A ta décharge, là où le doute reste permis, c'est que, fondamentalement, ce retournement définitif de l'évolution, sa réflexion sur elle-même pour se déployer et franchir la dernière marche, s'opère dans l'Incarnation, la Passion et la Résurrection de Jésus Christ.
Mais je ne crois pas pour autant qu'un point de vue pré-chrétien doive se limiter nécessairement au point de vue que tu défends : diverses philosophies et spiritualités pré-chrétiennes avaient déjà développé des points de vue divergents, et l'apparition de l'homme constitue déjà un saut fondamental qui le sépare radicalement, mais pas encore définitivement, du règne animal, et donc de l'empire total du corporel sur le spirituel.

J'ai été encore plus long que prévu. Bravo et merci à ceux qui auront eu le courage et la patience d'aller jusqu'au bout.

Anonyme a dit…

Re-salut Jérôme !

Je suis allé jusqu'au bout de ta dissertation et, rassure toi, je n'ai pas eu à me forcer - c'est passionant tout ça.

Tu m'excuseras, mais je ne vais cependant pas répondre : il me semble que nous avons fait le tour de la question. Nous arrivons sur un terrain où l'expérience individuelle finit par prévaloir. Ton paragraphe commençant par "Ces moments de paroxysme " résume tout l'enjeu du débat qui se résume finalement à "une vision de l'Homme", entre constat et espoir, et nous sommes très proche de ce qui a été dit pour la génétique (déterminisme et choix).

Les enjeux ont été bien posés ; Florent a écrit un beau texte (mais cette fois beaucoup trop long pour figurer sur ce "forum") et nous devrions nous voir rapidement pour faire la synthèse (ou le recopiage) de tout cela pour la revue de Février. Je pense que nous tenons une problématique pertinente qui mérite d'être développée et publiée.

J'invite donc celles et ceux que ce topic a interessé à se faire connaitre. Ils pourront participer à l'élaboration de la revue ; s'ils souhaitent juste la lire, qu'ils le fassent savoir aussi. On pourrait se réunir la semaine prochaine.

Loin de moi l'idée de vouloir clore le topic pour autant, vous y êtes les bienvenus, surtout si vous ME soutenez, cela va de soi...!

Merci! à très bientôt!

Anonyme a dit…

En réponse à Cécile

Je suis frappée, à la lecture de cet article, par le contraste entre la clarté du constat et le flou complet du dernier paragraphe qui vise à dessiner une ligne à tenir. Que faire une fois qu'on est conscient du caractère illusoire de la liberté que laisse le "management" ?
La frustration que crée ce dernier paragraphe me donne à penser qu'il est indispensable d'essayer de répondre à la question, même si c'est de façon insuffisante, et de ne pas perdre de vue l'idée qu'on peut peut-être y faire quelque chose.

Alors si vous avez des propositions...

Anonyme a dit…

Réponse à Cecile/Diane

En fait, tu résumes ce qu'est véritablement le management: du FLOU.

On le voit dans les deux derniers verbes de l'article: valider/vérifier.

Comme on me le dit au bureau: "Sylvain, les structures sont des outils"... génial.

Alors pour moi, une propositions est la suivante:

Que chaque poste créé réponde à un besoin.

Cela permettra:
- de redonner une dynamique productive au travail (qui manque en france)
- de réfléchir à de nouvelles activités ebn rapport avec les mutations de la société.

Cela supprimera:
- le malaise des cadres (qui est selon moi du au fait qu'ils n'ont aucun objectif concret dans leur journée à part "vérifier et valider")
- l'oppression des employés dû aux rapports de pouvoir conflictuels qui se sont installés à cause du malaise des cadres

Pour cela:

- mettre un terme à l'utilisation de ce vocabulaire à la con
- supprimer en conséquence les postes liés à ce vocabulaire : project manager, system coordinator, marketing consultant... et les remplacer par des postes traitant des differents aspects du probleme. Par exemple au lieu de mettre un commercial qui fait 60 h par semaine et qui ne s'en sort pas et un directeur qui fait 60h de présence et qui s'en met plein les poches, on supprime le directeur, et on divise le travail du second. Cela implique que celui qui exécute une tâche en est responsable. C'est le point principal de cette proposition. Certaines compagnie l'applique déjà, en Inde notamment ou Ben&Jerry aux USA.

Au plaisir

Anonyme a dit…

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